Exposition

Prairie dynamo — Anne Frémy

Du 10 mar. au 19 mai 2002

En introduction à son travail, Anne Frémy parle volontiers de Paul Virilio et de son discours sur l'ambiguïté du drame. Enfant, il a vécu la guerre, et raconte par la suite sa fascination pour les bombardements nocturnes qu'il associait visuellement aux feux d'artifices. Si l'on considère que l'expérience ne varie que selon son contexte d'apparition, nous comprenons rapidement de quoi retourne cette «ambiguïté».
Le travail d'Anne Frémy pourrait être le projet de mettre en forme plastiquement ce programme. Travaillant sur des images collectées ou réalisées par elle, elle se propose de les retravailler jusqu'à l'élimination de tout élément superflu selon elle, pour que ne reste en définitive qu'une sensation liée au visuel, une «impression de... ».

Prairie dynamo est avant tout un espace de réflexion, le travail d’Anne Frémy n’étant jamais définitif ni hermétiquement clos, il est fondamental pour elle de voir l’exposition comme un nouvel espace de travail, un atelier élargi dans lequel comme pendant les «crash tests», les œuvres interagiront ensemble, se vérifieront probablement ou non. Cette exposition ne signe pas un arrêt sur image dans le travail de l’artiste. Comment cela se pourrait-il, de toutes les façons, puisque ce travail n’existe que dans l’activité et la constante énergie que déploie l’artiste à mettre en place une pensée transversale.

Entre l’univers de Lewis Carroll, père de cette pensée dite transversale, et celui d’Anne Frémy, les figures ne sont pas étrangères. Figure de style avant tout, puisque le procédé du «cut up» utilisé par l’artiste dans ses films et ses assemblages d’images est l’application directe de la pensée transversale. Mais également figure visuelle puisque chez Anne Frémy, les personnages en maillot de bain sautent dans le vide à répétition, les horizons se poursuivent à perte de vue, enchainant paysages marins et montagnards, et les piscines apparaissent comme autant de monochromes et signalent elles aussi cette référence théorique.

Sylvie Boulanger, directrice, est commissaire de l’exposition.