Exposition

La peur du lieu inconnu — Cameron Jamie

Du 07 oct. 2001 au 20 janv. 2002

Le travail de Cameron Jamie s'inspire de l'histoire et de la culture américaine ainsi que de ses propres mythologies. Performances, vidéos, dessins et installations traduisent son travail d'analyse de l'imagerie populaire à travers la création de mondes et de personnalités fictionnels.
Observant le tissu social et familial des classes moyennes et pauvres des banlieues américaines en Californie, son regard d'artiste se porte sur l'univers de la jeune génération qui trouve ses repères dans le hard-rock et les combats de catch, et en transpose dans son œuvre les codes esthétiques de la culture populaire et underground. Son univers troublant et morbide s'appuie sur le romantisme de la noirceur, une passion pour l'obscur et un retour à sa propre enfance, ce que situe la série d'œuvres graphiques réalisées au Cneai.

Cameron Jamie a souhaité, en utilisant au Cneai des techniques et des matériaux obsolètes en regard d’une modernité numérique, pratiquer un medium nouveau. En collaboration avec un graveur professionnel, il réalise ainsi un ensemble de plus d’une quarantaine de gravures. Partant du principe que la gravure est une technique de reproduction fidèle mais qui ne permet pas l’identique, Cameron Jamie a choisi de pousser ce potentiel à l’extrême, en décidant d’intervenir sur la matrice entre chaque tirage, en se focalisant sur les erreurs. Des transformations se succèdent qui font que la dernière gravure est la somme de toutes les précédentes. Tel est le procédé et le protocole mis en place par l’artiste. Si l’opinion générale veut que l’on s’améliore avec le temps, Cameron Jamie, lui au contraire, accuse les erreurs au fur et à mesure et les accentue encore. La technique ne s’améliore pas et l’image devient elle-même de plus en plus terrifiante. Cette mise en avant de l’échec et du geste mettent en perspective le parti pris de l’artiste, qui, bien que né à la fin des années soixante, refuse de voir dans la technologie une optimisation de la vie.

Son travail repose sur la notion essentielle de collaboration avec d’autres artistes comme Mike Kelley depuis de nombreuses années déjà, ici, avec un graveur professionnel mais également avec ce qu’il appelle un «dessinateur professionnel». En effet, travaillant sur l’icône et la notoriété, il demande à ce dessinateur dont la technique restitue une perfection toute photographique, de réaliser des portraits de lui et des «objets-portraits» qui le prolonge, portraits de chèvre ou autres illustrations.

La peur du lieu inconnu se présente avant tout comme une installation sensorielle, une véritable expérience pour le visiteur. Entre train fantôme et maison des horreurs, le Cneai plongé dans l’obscurité, ne dévoilera les œuvres qu’au moyen de lampes torches. Loin de vouloir donner à la culture populaire ou à la contre-culture des codes qui ne sont pas les leur, Cameron Jamie propose de mettre en avant leur esthétique propre.

Sylvie Boulanger, directrice, est commissaire de l’exposition.

Thématique du diable, du loup garoup, des chauves-souris, des toiles d’araignée et de la peur, l’art sophistiqué et violent de Cameron Jamie est tout entier contenu dans la publication qu’édite le Cneai, La peur du lieu inconnu.

La peur du lieu inconnu
Livre d’artiste en offset couleurs sur papier couché mat avec 9 vignettes en couleurs collées sous papier cristal araignée et couverture toilée orange sérigraphiée en bleu
64 pages,16 x 22 cm
Édité à 500 exemplaires dont 50 exemplaires réalisés avec couverture et reliure dite paperback et vignette en couleurs collée
Graphisme réalisé par l’artiste
Publié par Cneai Chatou, 2001