FEUILLETON – PRÉBENDE #1 – ANTOINE DUFEU
Du 01 nov. au 31 déc. 2020 OnlineAntoine Dufeu est auteur associé au CNEAI = depuis novembre 2020. Dans la rubrique FEUILLETON de la newsletter du Cneai, il vous invite à lire des textes en cours d'écriture et des textes inédits. Prébende est le titre d’un livre en cours d’écriture repris ici par opportunité.
Parallèlement au début de ce feuilleton paraît en novembre 2020 aux éditions MF et dans la collection Inventions Sofia-Abeba suivi de MZR.
A. La majeure
Deux extraits du Livre V (en cours d’écriture)
1.
Une nasse sans coup férir et pourtant sans réel
fondement autre que humain en vérité et par
nature conditionne conflits et guerres lasses
de civilité des plus basiques ou sommaires,
maladies évitables, gangrènes et pandémies
dont la nécessité soudaine pourrait faire
accroire que quelqu’un ou quelque chose
devrait trinquer à la santé de quelques-uns
ou qu’une supposée révolution sanguinaire
débarrassant du vivant quelque surnuméraire
résoudrait toute solution néfaste en fastes temps
mais ne nous trompons pas nous-mêmes.
Cette nasse est communément admise en un sens
éminemment ambivalent ayant trait aux distractions
ironiquement presque systématiquement tournées
exclusivement rentrées sinon centripètes alors que
le monde est notamment fait d’ensembles infinis
alors que lycée et gymnases ne désemplissent pas,
alors que les disciplines lycéennes et gymnastiques
mettent en concurrence une dualité fictivement
figée; cette nasse est pure déconstruction, sport
sans analyse et sans effort de synthèse voilà bien
en réalité mal notre heur.
2.
La perspective permet de considérer ou de voir
la quantité en tant qu’espace alors que l’espace
sert la mesure notamment quant au calcul
du profit… toutes choses égales par ailleurs.
Si l’on sait ou bien admet que tout résultat
est avant tout primo une chose qui à l’heure
actuelle est passablement l’objet d’un culte
dont les principaux objets ont pour nom présent,
intérêt, valeur, gratitude, mérite, prix sans
même parler d’art de la gratuité tant et si bien
que la supposée légale et juridique présomption
de fidélité dans et par l’image des comptes induit
en erreur sinon en horreur et secundo une ven-
geance ou bien le tirage d’une vengeance ou encore
une réparation […]
B. Le mineur
- Extrait de Nous abstraire (2019)
Pourquoi notre joie est-elle timorée ? Une impéritie globalisée tend à transformer économiquement, juridiquement et socialement le monde tel qu’il est majoritairement gouverné par les organisations ou les institutions internationales et nationales en un immonde ordinaire dont les conditions d’existence, imperceptiblement, annihilent sinon accablent la joie inhérente à notre quiddité et décomposent notre puissance. Dès lors nous sommes de manière évidente attristés.
Nous qui sommes fabuleux sommes aimables. Nous qui sommes remarquables – et remarqués – sommes joyeux. Notre quotidien, dont la nature n’est ni bonne ni mauvaise mais énergique, sert infiniment notre culture qui, hantée par la généralité de nos savoir-faire, lesquels sont présentement et proprement diversifiés et non unifiés, nous institue foule à la marge de la politique.
Privés d’une quelconque licéité, empêchés de vivre licitement et obligés de vivre illicitement, nous qui ne sommes ni compétents ni incompétents, nous qui ne sommes pas des chefs et qui n’en serons jamais parce que nous ne donnons pas d’ordre et n’en donnerons pas, nous qui ne prenons pas de décision pour ou à la place d’autrui, nous qui ne parlons pas davantage au nom de qui que ce soit, personnes morales ou personnes physiques, nous qui optons pour les épreuves plutôt que pour les preuves, nous qui sommes bénévolents, merveilleux, fantasques et fantastiques, cherchons à être capables et puissants. Nous abstraire, telle est notre action, telle est l’unique action que nous puissions entreprendre. Nous abstraire, telle est notre pensée, parfois obsessionnelle, quelque fois bornée ou déterminée.
2. Extrait de Blanchiment (en cours d’écriture)
Adam Vincent a longuement hésité avant, enfin, de s’exprimer
peut-être parce qu’il suivait en sa tête une diagonale imaginaire
évidemment visible de lui seul qui s’avéra semble-t-il illusoire;
du moins chacun pourra peut-être s’en faire sa propre idée.
Il s’est finalement décidé à parler d’abord à un animal
puis à plusieurs, notamment des insectes, a priori des mouches,
enfin à des êtres pourvus de langages équivalents au sien.
Après avoir décidé d’ester en justice,
d’abord aux prud’hommes puis en Appel
parce qu’il avait choisi de faire confiance
à la justice rendue au nom d’un peuple français,
il n’a maintenant plus à l’esprit qu’une seule idée:
déconseiller la justice de son pays,
à tout le moins déconseiller d’y recourir.
Il l’a d’ailleurs écrit sur les murs des réseaux sociaux
auprès desquels il possède un compte:
« je déconseille la justice française ».
Son père l’avait prévenu parce que sans doute
connaissait-il déjà l’arrêté du jugement:
un bon accord est une accord à l’amiable,
du type de celui qui lui avait été proposé
entre les deux tours
entre le premier jugement rendu par les prud’hommes
et la décision finale de faire appel
par la partie adversaire à raison de quelques milliers d’euros.
Son ancien rédacteur en chef l’avait prévenu:
« un ami m’a dit que lors d’une action entreprise
par un employé à l’égard de son employeur
c’est le premier qui ne dort pas la nuit »,
un peu comme lorsque un créancier comprend
qu’il ne récupérera jamais sa créance
ou bien entend son débiteur lui annoncer qu’il n’a
aucune intention de le rembourser.
Il est sans doute nécessaire de suivre l’ordre des choses,
de mélanger chronologie et rappel des faits
pour permettre à tout chacun, humble concitoyen,
de se faire sa propre idée de l’affaire à défaut de sa propre justice
Il faudra sans doute s’y reprendre à plusieurs fois
afin de préciser quelque chose,
à vrai dire plusieurs choses.
FEUILLETON – PRÉBENDE #1 – ANTOINE DUFEU
Du 01 nov. au 31 déc. 2020 OnlineAntoine Dufeu est auteur associé au CNEAI = depuis novembre 2020. Dans la rubrique FEUILLETON de la newsletter du Cneai, il vous invite à lire des textes en cours d'écriture et des textes inédits. Prébende est le titre d’un livre en cours d’écriture repris ici par opportunité.
Parallèlement au début de ce feuilleton paraît en novembre 2020 aux éditions MF et dans la collection Inventions Sofia-Abeba suivi de MZR.
A. La majeure
Deux extraits du Livre V (en cours d’écriture)
1.
Une nasse sans coup férir et pourtant sans réel
fondement autre que humain en vérité et par
nature conditionne conflits et guerres lasses
de civilité des plus basiques ou sommaires,
maladies évitables, gangrènes et pandémies
dont la nécessité soudaine pourrait faire
accroire que quelqu’un ou quelque chose
devrait trinquer à la santé de quelques-uns
ou qu’une supposée révolution sanguinaire
débarrassant du vivant quelque surnuméraire
résoudrait toute solution néfaste en fastes temps
mais ne nous trompons pas nous-mêmes.
Cette nasse est communément admise en un sens
éminemment ambivalent ayant trait aux distractions
ironiquement presque systématiquement tournées
exclusivement rentrées sinon centripètes alors que
le monde est notamment fait d’ensembles infinis
alors que lycée et gymnases ne désemplissent pas,
alors que les disciplines lycéennes et gymnastiques
mettent en concurrence une dualité fictivement
figée; cette nasse est pure déconstruction, sport
sans analyse et sans effort de synthèse voilà bien
en réalité mal notre heur.
2.
La perspective permet de considérer ou de voir
la quantité en tant qu’espace alors que l’espace
sert la mesure notamment quant au calcul
du profit… toutes choses égales par ailleurs.
Si l’on sait ou bien admet que tout résultat
est avant tout primo une chose qui à l’heure
actuelle est passablement l’objet d’un culte
dont les principaux objets ont pour nom présent,
intérêt, valeur, gratitude, mérite, prix sans
même parler d’art de la gratuité tant et si bien
que la supposée légale et juridique présomption
de fidélité dans et par l’image des comptes induit
en erreur sinon en horreur et secundo une ven-
geance ou bien le tirage d’une vengeance ou encore
une réparation […]
B. Le mineur
- Extrait de Nous abstraire (2019)
Pourquoi notre joie est-elle timorée ? Une impéritie globalisée tend à transformer économiquement, juridiquement et socialement le monde tel qu’il est majoritairement gouverné par les organisations ou les institutions internationales et nationales en un immonde ordinaire dont les conditions d’existence, imperceptiblement, annihilent sinon accablent la joie inhérente à notre quiddité et décomposent notre puissance. Dès lors nous sommes de manière évidente attristés.
Nous qui sommes fabuleux sommes aimables. Nous qui sommes remarquables – et remarqués – sommes joyeux. Notre quotidien, dont la nature n’est ni bonne ni mauvaise mais énergique, sert infiniment notre culture qui, hantée par la généralité de nos savoir-faire, lesquels sont présentement et proprement diversifiés et non unifiés, nous institue foule à la marge de la politique.
Privés d’une quelconque licéité, empêchés de vivre licitement et obligés de vivre illicitement, nous qui ne sommes ni compétents ni incompétents, nous qui ne sommes pas des chefs et qui n’en serons jamais parce que nous ne donnons pas d’ordre et n’en donnerons pas, nous qui ne prenons pas de décision pour ou à la place d’autrui, nous qui ne parlons pas davantage au nom de qui que ce soit, personnes morales ou personnes physiques, nous qui optons pour les épreuves plutôt que pour les preuves, nous qui sommes bénévolents, merveilleux, fantasques et fantastiques, cherchons à être capables et puissants. Nous abstraire, telle est notre action, telle est l’unique action que nous puissions entreprendre. Nous abstraire, telle est notre pensée, parfois obsessionnelle, quelque fois bornée ou déterminée.
2. Extrait de Blanchiment (en cours d’écriture)
Adam Vincent a longuement hésité avant, enfin, de s’exprimer
peut-être parce qu’il suivait en sa tête une diagonale imaginaire
évidemment visible de lui seul qui s’avéra semble-t-il illusoire;
du moins chacun pourra peut-être s’en faire sa propre idée.
Il s’est finalement décidé à parler d’abord à un animal
puis à plusieurs, notamment des insectes, a priori des mouches,
enfin à des êtres pourvus de langages équivalents au sien.
Après avoir décidé d’ester en justice,
d’abord aux prud’hommes puis en Appel
parce qu’il avait choisi de faire confiance
à la justice rendue au nom d’un peuple français,
il n’a maintenant plus à l’esprit qu’une seule idée:
déconseiller la justice de son pays,
à tout le moins déconseiller d’y recourir.
Il l’a d’ailleurs écrit sur les murs des réseaux sociaux
auprès desquels il possède un compte:
« je déconseille la justice française ».
Son père l’avait prévenu parce que sans doute
connaissait-il déjà l’arrêté du jugement:
un bon accord est une accord à l’amiable,
du type de celui qui lui avait été proposé
entre les deux tours
entre le premier jugement rendu par les prud’hommes
et la décision finale de faire appel
par la partie adversaire à raison de quelques milliers d’euros.
Son ancien rédacteur en chef l’avait prévenu:
« un ami m’a dit que lors d’une action entreprise
par un employé à l’égard de son employeur
c’est le premier qui ne dort pas la nuit »,
un peu comme lorsque un créancier comprend
qu’il ne récupérera jamais sa créance
ou bien entend son débiteur lui annoncer qu’il n’a
aucune intention de le rembourser.
Il est sans doute nécessaire de suivre l’ordre des choses,
de mélanger chronologie et rappel des faits
pour permettre à tout chacun, humble concitoyen,
de se faire sa propre idée de l’affaire à défaut de sa propre justice
Il faudra sans doute s’y reprendre à plusieurs fois
afin de préciser quelque chose,
à vrai dire plusieurs choses.