PARTIE DE DAMES (d/m 184) – CLAUDE RUTAULT

Le travail de Claude Rutault se fonde sur l’écriture de modes d’emploi destinés à tous ceux qui souhaitent réaliser une de ses œuvres. Il nomme ces « recettes » des définition-méthodes.

La définition-méthode du Jeu de dames (d/m 184) prévoit que « la partie est publique, elle se déroule comme une partie de dames habituelle. Le mur est divisé virtuellement de façon à former un damier de 10 x 10 cases (…). Il est formé de 50 toiles identiques disposées en quinconce et peintes de la même couleur que le mur, blanc de préférence. Les pions sont ronds ou ovales, selon le damier. Ils obéissent à la règle de la d/m 34 : une couleur de papier pour chaque joueur. Les pions figurant les dames sont d’une nuance différente dans la même couleur (…). »

On aura compris qu’à chaque coup, la peinture change de forme, à la manière d’une œuvre constructiviste en mouvement. Le lauréat de chaque tournoi reçoit, en guise de prix, la photographie du damier au coup gagnant.

Un tournoi spécial est organisé le samedi 13 octobre pour la mise en jeu de l’œuvre elle-même : le gagnant du tournoi spécial gagne la propriété de l’œuvre (d/m 184 de Claude Rutault), jusqu’à sa remise en jeu trois années plus tard. « Celui qui gagne l’œuvre l’installe chez lui avec les mêmes toiles, les mêmes papiers dans la même disposition ».

Au delà du jeu, la « Partie de Dame » de Claude Rutault pose aussi bien la question des droits de propriété de l’art, que celle du risque à s’engager dans la réalisation technique d’une œuvre : un passage à l’acte qui ne peut laisser indifférent.

Claude Rutault se décrit comme peintre. Être en contact avec chacune de ses pièces est assurément une confrontation avec la peinture sur toile. Cependant, Claude Rutault ne peint pas lui-même ses pièces et ne supervise pas non plus leur production comme un concepteur ou un directeur exploiterait son usine, son studio ou son atelier. Sa pratique consiste à rédiger et publier un ensemble de règles, mises en garde, instructions et protocoles appelés « définitions/méthodes », à partir desquelles une galerie, un collectionneur ou une institution orchestre l’actualisation d’une de ses œuvres.

Claude Rutault a joué un rôle très important dans l’art en France depuis les années 1970. Il a inspiré de nombreux artistes contemporains. L’artiste opère une analyse critique du monde de l’art, fondée sur le fonctionnement social de l’œuvre, entre l’artiste, sa galerie, le collectionneur, le musée ou la salle des ventes. Les scénarios écrits par Claude Rutault ne deviennent œuvres que lorsqu’ils sont pris en charge.

Claude Rutault est représenté par la galerie Perrotin.

ÉDITION

Claude Rutault
Sans titre,
2 affiches en sérigraphie avec découpes
60 x 80 cm
Graphisme par Martin Desinde
Édité par Cneai =
Affiches d’invitation à une partie de jeu de dames sur un damier de l’artiste commandée par le Cneai pour les tournois et l’exposition Partie de dames (d/m184) à Pantin.

LA BIENNALE EMERGENCES
Le territoire Est Ensemble produit la 5e Biennale Émergences. L’événement est programmé du jeudi 11 au dimanche 14 octobre 2018 au Centre national de la danse à Pantin. Vitrine et soutien pour les stylistes, artisans d’art et designers du territoire, la manifestation a une ambition culturelle et économique à l’échelle du Grand Paris.

Elle invite les particuliers et les professionnels à découvrir les stands de 80 créateurs dans un parcours conçu pour émerveiller, nourrir la réflexion et favoriser les mises en relation.

Pendant 4 jours, la Biennale Emergences accueille la scène actuelle des métiers d’art et du design et pose un regard prospectif sur la place des savoir-faire dans le champ de la création contemporaine. Organisée par le territoire Est Ensemble, elle réunit artisans d’art, designers, maisons d’édition et galeries dédiées à ce secteur. En 2016, elle a rassemblé 120 exposants et plus de 8 000 visiteurs.

Créativité, innovation et dynamisme caractérisent les artisans designers sélectionnés par un jury de professionnels. Leurs dernières réalisations : mobilier, luminaires, objets décoratifs, mais aussi créations textiles, accessoires de mode, bijoux investissent les studios de répétition du Centre national de la danse (CND). Ce lieu imposant à l’architecture atypique est le cadre idéal pour révéler la contemporanéité et l’esprit d’innovation qui caractérisent ces créateurs.